Concert d’ouverture du festival « Aspects des Musiques d’Aujourd’hui » (19/24 mars – compositeur invité : Thierry Pécou)
L’Enlèvement au Sérail – Ouverture.
Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791)Epoque Classique fin XVIIIe
L’oiseau innumérable, pour piano et orchestre (2006)
Thierry Pécou (né en 1965) Epoque contemporaine (de 1950 à nos jours)
Alcancías (1932)
Silvestre Revueltas (1899-1940) Epoque moderne début XXe
Triple concerto, pour violon, alto, piano, orchestre à cordes et percussion (2017)
Michael Ellison (né en 1969) Epoque contemporaine (de 1950 à nos jours)
Découvrons aujourd’hui un opéra composé par Wolfgang aux alentours de 1781, sur une commande de l’Empereur d’Autriche Joseph II qui désirait développer l’opéra en allemand, la langue habituelle pour ce type d’oeuvre étant alors l’italien.. Ceux qui ont vu le film Amadeus se souviennent d’ailleurs de cette scène amusante où les proches de l’Empereur s’offusquent d’apprendre que Mozart va composer un opéra dont le libretto se déroule dans un harem turc!
Commençons logiquement par l’ouverture dont la fonction est non seulement de présenter quelques thèmes musicaux principaux, mais surtout de permettre aux retardataires d’arriver sans rien perdre de l’action et sans déranger les acteurs!
Après les premières notes de violon, légères et sautillantes, Mozart nous fait sursauter en faisant intervenir des instruments aux sonorités de fanfare… Ceci n’est pas anodin car les Janissaires, corps d’élite de l’Empire Ottoman (Turquie) furent parmi les premiers à utiliser ce type de musique pour stimuler leur entrain à l’effort!
Attention, ça réveille!
En deux mots: l’histoire du sauvetage, par un jeune noble espagnol, de sa fiancée détenue dans le harem d’un pacha oriental turc.
- 1 I. Premier mouvement 00:07:39 :
- Mouvement I , un dialogue entre piano et petit orchestre, oppose-t-il quelques soli épineux à des figures en fragments obstinés. Un bouillonnant solo de timbales soutient l’appel répété de trois notes de piano et ce mouvement se termine par une cadence pianistique classique.
- 2 II. Deuxième mouvement 00:03:30 : Mouvement II un long solo de piano tellurique et pulsé, en crescendo, avec des arrêts brusques, ouvert dans une couleur du gong, laisse le soliste « sans-voix » frapper le dessous du clavier ( le pianiste joue le clavier par dessous, comme une percussion en écho rythmé ).
- 3 III. Troisième mouvement 00:05:23 : Mouvement III répétitif et plus concertant, avec des atmosphères nocturnes tropicales, des bruissements mystérieux, des staccatos furieux, un thème battant du piano commenté par un solo de percussion (atténué) et un thème chaloupé du piano repris par les tutti.
- 4 IV. Quatrième mouvement 00:03:36 : reprise du Mouvement II avec orchestre et final en crescendo !
L’Oiseau innumérable, concerto pour piano et orchestre de Thierry Pécou donné en création mondiale
Conçue en 4 mouvements , respectant une forme classique, l’œuvre surprend par la déferlante énergie.
En 3 une traque se complote, avec un climat inquiétant et l’audition de bruits, comme le martellement du piano ou la caisse des instruments. Le compositeur précise : « La piano intervient par touches minimalistes, allant jusqu’à métamorphoser sa voix traditionnelle en un jeu de bruits, comme la plus petite unité de sonorité. »
En 4 une agitation – irritation vient clore l’oeuvre, avec de-ci de là, une résurgence d’orchestre à la Xénakis.
Son concerto pour piano (L’Oiseau innumérable) est un grand geste, un battement d’aile. Certains traits (l’ostinato du deuxième mouvement, les coups sur le piano dans le troisième) sont certes prévisibles ou anecdotiques ; mais l’ensemble séduit par son avancée implacable, tellurique. Par sa pulsion presque incontrôlée. Entre éclats, – avec un travail d’orchestre assez raffiné -, et resserrements, l’œuvre progresse sans retenue et séduit pour ne jamais ennuyer. Un oiseau de charme aux couleurs éclatantes. Et l’univers du piano convient parfaitement au compositeur.
Un concerto de type «Grand Répertoire», séduisant, dans la tradition du morceau de bravoure, brillant, tenant à la fois de Ravel (colorisme frémissant, lumière) et de Stravinsky (éclat rythmique) : très réussi, il paraît court tant on est porté par la dynamique.
L’oiseau innumérable est un concerto pour piano et orchestre habité par le verbe d’Edouard Glissant : « La pensée du tremblement éclate partout, avec les musiques et les formes suggérées par les peuples. Elle nous préserve des pensées de système et des systèmes de pensée. Elle ne suppose pas la peur ou l’irrésolu, elle s’étend infiniment comme un oiseau innumérable, les ailes semées du sel noir de la terre. Elle nous unit dans l’absolue diversité, en un tourbillon de rencontre. Elle est l’Utopie qui jamais ne se fixe et qui ouvre demain : comme un soleil ou un fruit partagés. »
Ainsi est L’oiseau innumérable, dans les couleurs et les rythmes duquel on entend un Ravel autant que les accents du jazz : un orchestre ensoleillé, tour à tour pastoral, sylvestre et tempétueux, qui porte un piano obstiné dans un long tremblement, lequel semble secouer le monde entier.
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Thierry Pécou : une écoute attentive de son œuvre permet de retracer sa quête incessante tout autour du globe : les langues et l’imaginaire de l’Amérique précolombienne et des sociétés amérindiennes (Symphonie du Jaguar et la cantate Passeurs d’eau), les traces de l’Afrique et de l’Amérique (dans L’Oiseau innumérable), l’influence des cultures anciennes de la Chine et du Tibet, ou de la mythologie grecque. Ses œuvres les plus récentes ont été fortement inspirées par les nations autochtones nord-américaines, en particulier par les Navajos et par leurs rituels de guérison.
Son histoire familiale, ancrée au cœur des Antilles et de la Martinique, est un élément déterminant dans son cheminement artistique. « À présent, dit-il, le Caraïbe est avant tout pour moi un espace symbolique. C’est un espace de « créolisation », terme qui s’applique au mélange des cultures et que je préfère au métissage. »
Moderniste-Synthétique-Coloriste. Pour qualifier sa démarche, des musicologues à juste titres, ont parlé de so(u)rcier des sons ou de chaman coloriste ; sa musique est surprenante et exigeante, mais curieusement d’accès plutôt facile, à la fois tonale et atonale, rituelle (mais non répétitive), voire jubilatoire, certainement sensuelle (à la recherche de couleurs magiques et de sons inédits) ; son style (opposé à toute provocation post-sérielle) intègre tous les langages comme un melting pot, avec une recherche de la séduction qui attire.
Silvestre Revueltas (1899-1940)
Composition pour petit orchestre du compositeur mexicain Silvestre Revueltas, écrite en 1932. Elle se compose de trois mouvements d’une durée totale d’environ huit minutes.
Alcancías a pour sujet un produit très typique de l’art populaire mexicain, ces penny-bank (tirelire) en poterie multicolore, généralement petites et en forme de cochon ou de poisson, qui doivent généralement être cassées pour permettre la récupération de l’argent qu’elles contiennent. Le travail a été composé dans la première moitié de 1932 et a été achevé en juillet . Alcancías est écrit pour un orchestre de chambre composé de piccolo, hautbois, clarinette, clarinette si, cor, 2 trompettes en do, trombone, timbales, percussions (xylophone, maracas, caisse claire, cymbales suspendues, güiro, grosse caisse) et cordes .
Alcancías se compose de trois mouvements:
Allegro
Andante
Allegro vivo
Le premier mouvement a une structure architecturale complexe et peu orthodoxe en trois parties; le second, le mouvement lyrique est essentiellement une chanson folklorique; et le dernier mouvement a le caractère d’un huapango traditionnel vivant.
Une introduction déséquilibrée de cinq mesures comportant des fragments mélodiques avec des accents prononcés conduit au thème d’ouverture de la première section principale, une mélodie de style populaire à tierces parallèles . Le premier mouvement peut être décrit comme moderniste, angulaire, motorisé et ambigu. Il s’agit d’une forme en trois parties, ABC, dans lequel chaque section est composée de trois unités plus petites. « C’est un excellent exemple de la prédilection de Revueltas pour les trois subdivisions et de la manière créative avec laquelle il les a appliquées et les a combinées pour créer des formes plus élaborées et plus étendues ».
Le second mouvement est contrasté dans les styles lyrique, tonale et folklorique, suggérant une mélancolie canción ranchera. Une introduction à huit mesures est suivie par un premier vers (chapitres 9 à 31), un interlude de huit mesures, un deuxième vers (chap. 40 à 59) et une coda finale à huit mesures (Hernández 2009, 110-11). ). La partition présente ici des violons à l’unisson, des piccolo et des hautbois en tiers et la clarinette en mi bémol entrant après un solo de hautbois et un trio avec cor, trompette et trombone . Les cordes et les vents dans les aigus au-dessus d’un accompagnement grondant créent un moment de tension qui «s’étend au-delà de tout et suggère une perturbation du monde souterrain» .
Dans le troisième mouvement, l’objectif principal de Revueltas est de placer au premier plan des éléments de la musique populaire mexicaine. Les aspects formels occupent une place secondaire dans le développement naturel du matériel thématique populaire de la manière improvisée caractéristique du huapango (Hernández 2009, 127–28).
Michael Ellison (né en 1969) Epoque contemporaine (de 1950 à nos jours)
CONCLUSION : caractéristiques des musiques du concert
Dans ces 4 œuvres, il s’agit d’utiliser les rythmes et les nouvelles couleurs musicales (Mozart et la musique Turques, Pécou avec l’Afrique et de l’Amérique (jazz), et Revueltas avec les musiques populaires du Mexique et Ellison avec les musiques de Turquie) . Les 4 compositeurs utilisent des formes de l’Epoque classique (fin XVIIIe), comme le concerto avec un soliste jouant des thèmes, pour mieux faire entendre des sonorités contemporaines (XXIe siècle) dans un métissage de musique du monde anciennes et nouvelles. C’est à l’époque Moderne (début XXe), avec les voyages facilités par les nouveaux moyens de transport, que l’on va découvrir et réutiliser de nouvelles musique « exotiques » et essayer de sortir de l’écriture classique. L’époque contemporaine (aujourd’hui) poursuit cette recherhe d’une musique savante mondialisée.
Lexique (de langage) :
– Musique Populaire ou Savante (voir en haut de cette page)
– Thème = motif musical qui revient (dans la musique SAVANTE), parfois avec des variations ou phrase musicale simple, qui se répète, qui se retient(musique savante)
– FORME : mouvements = parties, avec des thèmes, et des variations (concerto, ABC).
– Epoque Moderne, début XXe :
- refus du passé : se libère des conventions comme les règles à suivre (de l’époque Classique fin XVIIIe) et refus du lyrisme du XIXe (rejette les sentiments en musique).
- influence du Jazz, du rythme et des Musiques Exotiques (Orient).
- dissonance : collage de mélodies, polytonalité, Musique Atonale (sonne faux)
- Néoclassicisme.
– Epoque contemporaine (à partir de 1950 « avec notre temps »): musique savante de notre époque, parfois atonale ou qui comporte des passages dissonants.
Musique atonale : musique qui sonne « faux » = dissonant. Musique qui n’est pas tonale, qui n’a pas de tonalité, pas de TONIQUE et de DOMINANTE (qui ne cherche plus à faire des accords « juste » = consonant)
Musique tonale : qui sonne « juste »,consonante . Basée autour d’un ton, d’une tonalité permettant de poser des « questions » (Ve degré = dominante = suspensif) et des «réponses » (Ier degré = tonique = conclusif).
– STYLES (= époques) : Classique (règles, thème), Romantique (sentiments), Moderne (se libère des conventions), Contemporain (atonale)
Peinture classique : la vie idéalisée, bien organisée ! Exemple : Nicolas Poussin, La Sainte famille avec saint Jean et sainte Elisabeth dans un paysage 1650
en savoir plus sur le CLASSICISME : fiche-classicisme.pdf
Peinture moderne, années 1920 (début XXe) : Senecio de Paul Klee
Peinture contemporaine (début XXIe) : performance peinture en live durant un concert: Enchevêtrement de Rodrigue Glombard
« L’expérience des Machines désirantes a été un moment particulièrement excitant et enrichissant à plusieurs titres.
Outre le fait que cette performance s’inscrit totalement dans mon questionnement sur le temps qui passe, j’ai donc accepté de m’exprimer dans un module de 17 minutes, temps relativement court.
Pendant « Les Machines désirantes », le peintre martiniquais Rodrigue Glombard et cinq musiciens se sont donnés à un processus d’exploration du temps et de l’inconscient, s’incarnant conjointement dans une création sonore et plastique.
Emportés par une énergie commune, où l’art devient rituel plus que forme intellectualisée, le peintre entouré des musiciens ont composé en direct…
J’ai pleinement savouré le fait de mettre en couleur cette très belle proposition musicale de Thierry Pécou – une pièce graphique, sensuelle et énergique qui se connecte directement, parle au corps et le conduit comme vers une transe. C’est une aventure intérieure remarquable. »
Préparation à l’évaluation : voir Sacoche
Rappel des époques et STYLES : Classique (règles), Romantique (sentiments), Moderne (se libère des conventions), Contemporain (atonale)